Miroir, miroir dis moi qui est la plus fine ? La plus svelte ? Ai-je un ventre plat ? De trop grosses cuisses ? Ces questions au sujet de notre corps qui pourtant nous appartient, devient très problématique avec une société qui nous pousse tous les jours au scrutage du moindre centimètre cube de notre peau. Abusives, maladives, ces "petites vérifications" quotidiennes se muent peu à peu en maladie mentale : les TCA. Insidieux, ces troubles deviennent nos meilleurs amis pour un temps mais nous fait détester notre corps ; la dysmorphie corporelle est l'un d'eux. On vit donc dans l'ombre de son reflet, on tombe dans le contrôle et on rejette son corps, ce temple sacré qui nous a été confié dès la naissance. Apprendre à l'aimer demande du temps, l'accepter relève d'un challenge, mais il y a toujours une voie pour s'en sortir et c'est ce que nous montre également Nadège du compte Instagram® nadege_life_and_fit...
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Souffrance mentale dénaturant l'image corporelle, la dysmorphie corporelle est un fléau ! crédit photo : Pixabay |
La dysmorphie corporelle (il en existe d'autres types comme la dysmorphie hépatique ou encore faciale) est une pathologie taxonomisée dans les troubles du comportement alimentaire à ne pas négliger car elle devient très obsessionnelle autant pour nous que pour notre entourage ! Cependant, nous ne sommes pas non plus aidé avec une société dissonante créant des discordes et véhiculant des images fausses. Ainsi, on se ruine la santé avec une perception corporelle erronée en nous incitant à atteindre le Saint Graal du corps parfait ; qui se base sur des role model farfelus dans une société complètement bancale. On doit donc faire preuve de vigilance et blinder son mental face à toutes ces idées contradictoires qui pullulent partout : avoir une poitrine pulpeuse mais une taille fine, des baguettes en guise de jambes mais un boule qui chamboule les dimensions... Alors soyons imparfaitement parfait et célébrons tous les corps, il n'y a pas de place pour les diktats corporel car : Votre corps, vos règles !
Selon la FFAB, et si l'on se concentre sur les TCA les plus connues 1% des femmes contre 0,3% des hommes ont été touchés par l'anorexie, la boulimie concerne 1,5% des femmes et 0,5% d'hommes, puis l'hyperphagie boulimique 3% de femmes et 1,5% d'hommes. Ces maladies touchent tous les genres survenant principalement vers l'adolescence mais peuvent perdurer après ; et même si il y a une prévalence chez la femme, une partie de la population a été concerné par les troubles des conduites alimentaires, détruisant des vies au passage. Ils existent donc différents types des plus typiques aux plus atypiques (boulimie, hyperphagie boulimique, anorexie, orthorexie, restriction cognitive, alimentation émotionnelle...) et le TDC (Trouble Dysmorphique du Corps) en fait inévitablement partie. Ces troubles sont d'autant plus complexes car il peut y avoir des combinaisons de symptômes et des phases comme l'anorexie suivie de crises boulimiques par exemple. Des pathologies mentales qui nous obsèdent et peuvent évoluer vers des formes graves non sans conséquences. La dysmorphesthésie peut aussi être un reliquat ou précéder ces TCA auxquels on fait face. Nadège alias nadege_life_and_fit influenceuse, amie et confidente, est l'invitée de ce thème auquel toutes deux on aimerait éclaircir certains points, faire de la prévention et surtout s'entraider ! Et parce qu'ici, on aime beaucoup la sororité, on souhaite sincèrement faire bouger les choses... Et puis, vous n'êtes pas seul.es !
Dysmorphophobie, quand le reflet vire à l'obsession !
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La dysmorphophobie, un TCA qui fait souffrir l'image de son corps... crédit photo : Pixabay |
On distingue les Troubles du Comportement Alimentaire que l'on nomme en anglais Eating Disorders selon le DMS V - CIM10 (Diagnose and Statistical Manual of Mental Disorder et Classification Mondiale des Maladies) basé sur l'American Psychiatric Association. Ainsi, l'anorexie (anorexie mentale), la boulimie (boulimie nerveuse), l'hyperphagie boulimique (Binge Eating Disorder) puis d'autres pathologies mentales y sont donc classifiées. Afin de poser un diagnostique clinique de nombreux tests validés sous forme de questionnaires sur les TCA existent. On retrouve entre autres le DEBQ (Dutch Eating Behavior Questionnaire, Van Strien, 1986) afin d'explorer les TCA Atypiques sur 3 dimensions (restriction cognitive, alimentation émotionnelle et externalité), le QEDD (Eating Disorder Diagnosis, Mintz et al., 1997) qui diagnostique tout comme le SCOFF (Sick Control One Fat Food, Morgan, Reid and Lacey, 1999) les TCA Typiques. Véritable enjeux de santé publique démographiquement prépondérant en Occident, les TCA sont des fléaux qui touchent certes peu de personnes mais deviennent très invalidantes, de là à pousser à l'isolation professionnelle et sociale. Si l'on se concentre sur la dysmorphophobie (Body Dysmorphic Disorder ou BDD) venant étymologiquement du grec "dysmorfia" signifiant une forme du corps anormale et de "phobos" pour la phobie, ce terme définit la "phobie de la difformité". Ce dernier fut désigné en tout premier lieu dans les "Histoires d'Hérodote" avec la légende de l'épouse du roi Ariston qui était la femme la plus laide du royaume de Spartes, et comme par magie devient magnifique lorsqu'une déesse la toucha. Petite parenthèse, on s'auto-discrimine bien sur des critères énoncés par notre chère société et sa culture de la beauté corporelle (merci les stéréotypes sociaux), comme si on avait bien besoin de ça ; et cela bâtit sur des siècles d'histoire !
Pour en revenir à la dysmorphie corporelle pouvant sous-tendre à de l'anorexie mentale, elle fut découverte en 1871 par Enrico Morselli psychiatre italien. La dysmorphesthésie apparentée à un TOC (Trouble Obsessionnel du Compulsif) peut être diagnostiquée via un entretien oral suivit d'une analyse du comportement alimentaire puis d'un questionnaire tel le QEDD ou encore le SCOFF en complémentarité d'outils. Cette pathologie mentale concerne 1,7% voir 2,9% des femmes qui la présente dans le temps, autrement-dit, elle succèderait à un TCA. Trouble de l'esthétique physique et donc par rapport à l'image de soi, elle se caractérise par une obsession morbide accompagnée d'une certitude d'avoir un ou plusieurs défauts corporels. On a donc peur de prendre du poids au risque d'aggraver son inesthétique problème en faisant de la restriction nutritionnelle et d'autres stratégies alimentaires compensatoires... Un engrenage subtil avec des préoccupations créant des perturbations renvoyant à une souffrance mentale qui dénature l'image physique ou du moins notre perception liée à notre corps. On a donc une distorsion de notre apparence. Ces psychoses aiguës engendrent des gênes centrées sur l'apparence qui peuvent devenir problématiques poussant le sujet à se scruter minutieusement puis fréquemment à la moindre occasion devant le miroir. La dysmorphophobie est sournoise, car les symptômes paraissent à première vue anodins et la personne concernée n'en parle que très peu en pensant paraître "narcissique" ; mais il n'en est rien ! En effet, c'est avec le temps que ce trouble se développe puis s'installe. Une thérapie par approche cognitive et comportementale est plus adaptée qu'associée à une solution médicamenteuse (mais oublions les médicaments inhibiteurs et modulateur de la sérotonine,...). D'autres solutions existent pour atténuer les effets de la maladie comme la prévention, reconnaître les déclencheur en changeant les stimulis ou les situations (on évite les miroirs par exemple).
Reminder : Et l'IMC dans tout cela ? Rappelez-vous une chose, votre IMC (Indice de Masse Corporelle) ne doit pas définir qui vous êtes (votre fond), ni ce que vous êtes (vos formes). Il s'agit juste d'un indice, un indicateur, un outil qui doit être utilisé avec précaution car le genre et l'âge peuvent être des facteurs à prendre en compte avec les antécédents familiaux et fausser les résultats. Mais surtout, qu'une personne ronde peut être en très bonne santé et une personne mince ne pas l'être... Il faut se rapprocher de spécialistes dans ces genres de maladies mentales et se faire aider, n'ayez pas peur de demander de l'aide, ne souffrez pas en silence, votre santé et votre vie sont si précieuses !
Le témoignage de Nadège a.k.a nadege_lifeandfit
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La belle Nadège du compte Life and Fit se livre à nous sur la dysmorphie corporelle crédit photo : @vincentlaikphotos pour Nadège Life and Fit |
Nadège alias @nadege_lifeandfit sur les réseaux sociaux est une influenceuse et blogueuse toulonnaise sur dzideesdenana qui évolue maintenant dans le monde du fitness et nous partage son quotidien. Cette super nana au joli sourire cache une battante de la vie qui a su surmonter les obstacles les plus terribles ! Déterminée, sportive, combattive et exceptionnelle, Nadège a le don de nous booster et de nous motiver. De ses préparations culinaires à son avancée dans son programme sportif et à ses découvertes lifestyle au fil de ses stories ainsi qu'à travers ses posts ; elle ne cesse de nous épater, et c'est dire de cette fitgirl au mental d'acier qui fonce pour atteindre ses buts. Nadège, c'est une maman mais aussi une femme, une femme qui a également fait face à son image. Et vous savez ô combien il est difficile de se frayer un chemin vers l'acceptation ainsi que l'amour de soi dans cette société qui se base essentiellement sur le visuel ; entre diktats corporels et conditionnements méprisables pour atteindre un pseudo idéal inatteignable... Alors en rassemblant son courage à deux mains et après maints combats contre et pour son image renvoyée dans le miroir, Nadège a su se relever et commence un chemin de paix entre elle et son corps dont elle va nous parler sans tabou...
MilkyAway : Depuis quand et comment as-tu su pour le trouble dysmorphique du corps ?
Nadège Life and Fit : Depuis mes 16 ans et suite à une dépression et TS (tentative de suicide, ndlr), j'ai été diagnostiquée atteinte de Dysmorphie. Auparavant, mon apparence ne me perturbait absolument pas mais le regard des autres me pesait et j'avais cette sensation que tout le monde ne voyait que mon "surpoids". Évidemment, je n'ai jamais réellement été dans ce cas-là puisqu'à l'époque je faisais 60 kg pour 1m64.
MilkyAway : Comment vois-tu et vis-tu la dysmorphie corporelle au quotidien ? A-t-elle un impact sur ton entourage ?
Nadège Life and Fit : Ma dysmorphie corporelle s'est accentuée pendant le premier confinement. Je venais de démissionner de mon ancien travail et devais commencer mon nouveau au moment où le confinement est arrivé. Le fait de ne pas reprendre le chemin du travail, l'angoisse et et l'atmosphère anxiogène, m'ont fait connaître de fortes variations de poids pendant toute l'année 2020 (j'ai fait le yoyo régulier entre 50 et 70 kg en un an). Depuis, même si je me suis reprise en main notamment grâce au sport et à une hygiène de vie plus qualitative, et même avec un poids stable aux alentours de 56 kg ; je me vois encore avec mes formes, mon ventre, mes hanches, mes cuisses de 70 kg. Au quotidien, il ne se passe pas une journée sans que je scrute le moindre cm² de gras ou de cellulite.
Dans ma tête je suis forte et je me vois comme tel. Malgré les remarques de mon entourage qui me soutienne que je suis bien comme ça, j'ai l'impression de vivre dans un corps de femme forte (et n'y voyez absolument rien de péjoratif ou discriminant). J'ai du mal à aller vers des vêtements de ma taille. Souvent, je commence par essayer du 40 alors que je sais pertinemment que je porte du 36/38. Je souffre d'avoir l'esprit obnubilé par ces pensées néfastes et elles pèsent sur ma vie de famille (je ne m'autorise quasiment jamais d'extras, de peur de grossir encore plus), ma vie sportive et la perception que les autres ont de moi. Je n'ai pas confiance en moi, contrairement à ce que l'on pourrait croire et c'est dur pour les autres de m'entendre dire ce genre de choses.
MilkyAway : Comment fais-tu pour "apprivoiser" cette bête qui hante les miroirs et ne pas la laisser gouverner ta vie ?
Nadège Life and Fit : Avoir pris un coach pour ma reprise sportive m'aide énormément car il connait les TCA, TDC (Trouble Dysmorphique du Corps) et dysmorphies, donc il m'aide en ce sens à prendre vraiment conscience de ma véritable enveloppe corporelle. Le fait d'en parler au grand jour est d'une grande aide car finalement nous sommes nombreuses à souffrir de ces troubles qui empoisonnent la vie autant qu'une maladie chronique. Petit geste important que j'ai arrêté de faire : sortir ma balance à longueur de journée. J'avais tendance à me peser dès que je mangeais pour voir si je n'avais pas abusé. Aujourd'hui je ne le fais plus. J'ai limité aussi le nombre de miroirs à la maison et j'essaye de voir les choses qui me plaisent plutôt que les "défauts".
MilkyAway : Quels conseils donnerais-tu à une personne étant atteinte du TDC ?
Nadège Life and Fit : En parler est essentiel. Ne surtout pas rester enfermé avec ce trouble qui peut vite rendre la vie infernale et envahir de pensées néfastes le cerveau. Autour de moi, je sais que j'ai des personnes de confiance avec lesquelles je peux partager mes moments de doutes comme les petites victoires sur la dysmorphie corporelles.
Le petit mot de Nadège Life and Fit
Merci Pauline de m'avoir permis de poser ici, noir sur blanc, ce trouble qui me ronge depuis plus de 25 ans. Je pense que l'on ne se débarrasse jamais vraiment de cette Dysmorphie mais on l'apprivoise et un jour j'espère pouvoir dire que je l'aurais mise de côté. Merci à vous qui avez pris le temps de lire ces lignes et le superbe article très détaillé écrit par ma chère Pauline. Elle y a mis autant de coeur que moi pour peut-être vous permettre vous aussi de libérer votre parole et votre esprit.
Je tiens à infiniment remercier ma belle Nadège pour sa confiance et vous avoir partagé son témoignage à travers cet article. Nadège je suis fière de toi (et soit le pour toi) et je suis fière de nous pour ce chemin semé d'embuches vers l'acceptation de soi que nous entamons. Faire la paix avec son image et son corps est quelque chose de très complexe, car nous sommes en effet de toutes parts souvent bombardé par des contradictions qui ne nous aide en aucun cas. J'ai été moi-même anorexique mentale et cela a évolué vers de l'orthorexie (névrose liée à l'alimentation saine) ainsi que de la dysmorphie corporelle, un engrenage complexe qui m'a aussi amené vers la Triade de la Sportive et qui a détruit mon corps petit à petit. Souffrance et rechutes, il faut faire preuve de courage, et on sait à quel point cela est dur, mais sachez que vous n'êtes pas seul.es dans ce combat ! On souhaite vraiment avec Nadège faire réfléchir sur cette maladie mentale qu'est la dysmorphophobie, un poison violent qui nous embrume le mental au quotidien ; et vous soutenir, nous soutenir dans cette bataille au quotidien. Ne culpabilisez pas d'avoir le corps que vous avez, ne vous flagellez pas et ne vous détestez pas car quelque soit la morphologie que vous avez, vous êtes magnifiques. Le seul poids que l'on doit se débarrasser est celui de l'apparence. On espère sincèrement avec Nadège vous aider car nous sommes la #teamwarrior ! N'hésitez pas à suivre le quotidien et les avancées de cette Wonder Woman sur son Instagram® @nadege_lifeandfit.
Connaissez-vous la dysmorphophobie ?
Avez-vous déjà souffert d'un TCA ou un d'un TDC ?
* Photos retouchées (recadrage)
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Merci à vous pour avoir pris du temps de me lire et à me laisser un doux message !